Un regard enfiévré, initiale caresse,
Fait de la chambre un temple et du lit un autel.
Ce cantique muet de l’érotique messe
Lance la liturgie de l’office sensuel.
Mes mains effleurent ton visage ;
Tes doigts visitent mes cheveux
Premiers frissons du doux orage
Des attouchements voluptueux.
Anxieuses de marquer toute terre conquise
Nos lèvres éperdues se cherchent en tremblant.
Leurs feux changent soudain en brasier la banquise,
Mille fois séparées, mille fois se soudant.
Ô langue folle, âpre volute,
Ô merveilleux affrontement !
C’est moi en toi en cette lutte
Du tout premier envoûtement.
Au milieu de ce train d’ondes enchanteresses
Nos mains gagnent encor des sites inconnus,
Molles chairs s’érigeant en raides forteresses
Sous les fins vêtements où elles s’insinuent.
Soit qu’ils enserrent ou bien pénètrent
Nos mains sont chienne, et nos doigts loup
Annonçant l’heure où nos deux êtres
S’engloutiront je ne sais où.
Ma bouche accueille enfin ce que j’offre à ta bouche,
Capte l’aigre bouquet de saveurs épicées
Qui flotte obstinément à l’entour de la couche
Où pulsent doucement nos deux corps inversés.
Tambour sensible et voile tendre
Nos peaux amorcent la fusion
Où toi et moi allons nous prendre
En la perverse communion.
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