Les textes de Jacques Fabre
 
 
 
 
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   Le string
 
 
Il est loin, le temps merveilleux
Où les minettes en deux–pièces
Soigneusement cachaient leurs fesses
Sous les plis d’un tissu mousseux !
 
Fallait s’affûter les mirettes
Pour surprendre un petit morceau
De cette affriolante peau
Que dissimulaient les jupettes !
 
Pour accéder au saint des saints,
Pour effleurer un épiderme,
Pour mignoter un sein bien ferme,
Fallait en brasser, du satin !
 
Aujourd’hui, c’est bien plus facile :
Foin du tergal, foin du coton !
Les seins s’exhibent sans façon.
On lésine sur le textile.
 
Sur la plage, dans les campings
Les popotins sont en plein air !
Mais il faut écarter la chair
Si l’on veut voir où est le string…
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Photo X
                    Jacques Fabre © 4 janvier 2009                            
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cabane_neige
A.-M. Lorenz, Cabane sous la neige
Trop tard…
 
  
Répondant au pressant appel de la nature
L’homme hâtait le pas vers le glacial endroit…
Sa main nerveusement triturait l’ouverture :
L’exutoire échappait à ses doigts maladroits,
 
L’objet tant attendu résistait aux recherches…
Dans la toison glacée les doigts fouillaient en vain,
Et l’orgueilleux outil – naguère énorme perche –
Tardait tragiquement à rencontrer sa main.
 
La glorieuse épée qui fonda sa lignée
S’était toute plissée sous l’effet du grand froid !
Quand enfin il sentit la chair ratatinée
L’urgence de l’envie le plongea dans l’effroi.
 
La violente pression étreignant son urètre
Semblait bien maintenant impossible à dompter.
Le chétif appendice, il fallait bien l’admettre,
Perdrait dans peu de temps son étanchéité !
 
Où trouver, en ce lieu, la pince à épiler
Qui pourrait extirper cette verge anodine ?
Et comment obturer un si puissant goulet
D’où maintenant perlaient quelques gouttes d’urine ?
 
Le sphincter épuisé bientôt rendrait les armes !
Rompu par le combat, il voyait l’armistice
Honteux et dégradant aggraver son alarme.
Impuissant, il perdit la guerre de la pisse !
 
Une douce chaleur baigna son pantalon
Tandis que s’étalait la miction bienfaisante.
Dans ce confort nouveau, l’outil de l’étalon
Reprenait, mais trop tard, une taille décente.
 
                                      
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                                      Jacques Fabre © janvier 2004
 
Ma galère
 
Ma galère
 
L’aube d’un jour nouveau s’installe sur mon lit.
Le corps bien reposé, je suis d’humeur joyeuse
Et je sens sous mon drap l’érection flatteuse
Qui nous transportera, ma douce, au paradis !…
 
Fumet délicieux stimulant l'appétit,
Deux bons gros œufs au plat, du thé dans la verseuse,
Vont conforter l’espoir d’une journée heureuse,
Quand la divine douche aura chassé la nuit.
 
Ton sourire en sous–verre avive mon bonheur :
Il instille la joie jusqu’au fond de mon cœur.
Puis tu parais enfin, juste avant que je sorte…
 
Tu me suis du regard, presque à poil au balcon
Pour le plus grand plaisir des passants en cohorte…
Tant de bonheur ? C’est sûr ! Je dois n’être qu’un con !
 
nu debout 

Gaury, Nu debout

              Jacques Fabre © 19 janvier 2005
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La Grimace
 
 
Pourquoi se fatiguer à rendre heureux les gens
Quand il est si aisé de paraître méchant ?
Au lieu de se contraindre à éclairer sa face
D’un sourire béat, tirez une grimace !
Vous ferez du chagrin sans bourse délier,
En chassant pour longtemps tout danger d’amitié !
Ménagez la santé de vos zygomatiques ;
Réservez leurs efforts aux rictus sardoniques,
Aux lippes dégoûtées, aux moues réprobatrices ;
Plutôt que partager tout ce qui vous réjouit
Mordez à belles dents dans le bonheur d’autrui.
Négligez les « bonjour ! », les « ça va, aujourd’hui ? »,
Et vous verrez bientôt votre morosité
S’étendre en un clin d’œil à toute la cité.
Évitez bien les yeux de tous ceux qui vous croisent
Ou dardez sur chacun le froid regard qui toise :
Vous serez assuré que tout votre mépris
Envers grands et petits a été bien compris.
Plutôt que de confier les soucis qui vous minent
Ruminez-les sans cesse, ayez mauvaise mine !
Vous ennuierez le monde, ainsi, plus sûrement !
Voyez autour de vous : la méthode s’étend,
L’armée des grimaciers est couverte de gloire,
Tout sourire effacé lui est une victoire !
En grimaçant souvent, vous travaillez pour elle.
En vous faisant sourire, ai-je lutté contre elle ?
 
grimace
                Jacques Fabre © 2juin 1988              
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Le flûteau d’Hélène           
 
 
Ils n’auraient point raillé, les trois beaux capitaines,
S’ils t’avaient entendu donner ton concerto !
Les trilles gracieux de ton tendre flûteau,
Ils n’auraient point raillé, au bord de la fontaine !
 
De ton charme envoûtés, les oiseaux, par centaines,
Cessant leur propre chant s’en vinrent aussitôt
Que les premiers accents de ton doux lamento
Eurent fait sangloter les vieux croquemitaines…
 
Ton talent délicat, et pourtant si crucial,
Fait d’un masque chagrin un visage jovial ;
Pour un peu tu ferais chanter des arquebuses…
 
Quand tu joues, les sabots qu’on croyait engourdis
Tournent comme jadis, au son des cornemuses,
Lorsque tes mèches d’or volaient sans bigoudis !
 

 

fluteau
     Jacques Fabre © novembre 2004    
        
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