Comme un vieux paquebot rouillé sous le grand vent,
À son môle entravé, sous le poids de la chaîne,
Prisonnière à jamais de l’ancien continent,
On t’exhibe aux badauds tel un énergumène !
Déjà tes sols bâtis, lotis, parcellisés,
Avaient failli périr de fièvre utilitaire.
Et l’odeur des merguez chargeant les alizés
Faisait douter qu’on fût en paradis sur terre.
Sauras-tu résister à cet ultime coup ?
A ce pont qui te livre aux cohortes terriennes ?
Ton parfum, ton soleil seront-ils aussi doux
Lorsque t ‘auront quittée les meutes aoûtiennes ?
Mais un jour tu rompras ta chaîne de béton…
Tu cingleras enfin vers la vieille Atlantide,
Argo monumental guidé par Phaéton,
Et tu retrouveras là ton âme candide.